Trouver des alternatives durables à l’huile de palme
25 janvier 2022La demande d’huile de palme, une matière première bon marché largement utilisée dans le monde, est énorme et en croissance. Cette culture sert de gagne-pain à de nombreux petits agriculteurs des tropiques. Mais des études ont montré que la façon dont le palmier à huile est actuellement cultivé joue un rôle majeur dans la déforestation, impactant la biodiversité, créant des tensions sociales et laissant une lourde empreinte carbone.
Pour examiner les alternatives, Juan Carlos Quezada, lorsqu’il était doctorant au Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’EPFL, ainsi que des scientifiques de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), ont mené une étude approfondie comme dans le cadre du projet Oil Palm Adaptive Landscapes financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et dirigé par l’ETH Zurich. L’équipe de recherche s’est penchée spécifiquement sur la conversion d’anciennes terres cultivées et de savanes dégradées, qui prévalent en Amérique du Sud, en plantations de palmiers à huile, informe l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne dans un communiqué de presse.
Une empreinte carbone moindre
La Colombie est le quatrième producteur mondial d’huile de palme. Là-bas, une grande partie de l’expansion des plantations de palmiers à huile s’est produite dans les régions de savane. Ces régions abritent naturellement peu d’arbres, de sorte que leur conversion ne nécessite pas de déforestation importante ni ne génère d’émissions de CO₂ à grande échelle. Transformer des forêts tropicales en plantations de palmiers à huile a une empreinte carbone massive, déclare Alexandre Buttler, professeur émérite de l’EPFL qui a dirigé l’ECOS jusqu’à sa retraite en 2019. Cela produit environ 170 tonnes d’émissions de carbone de plus par hectare que sans déforestation.
Voici une vidéo en anglais relatant ces faits :
Cependant, lorsque des savanes dégradées sont transformées en plantations de palmiers à huile, le résultat net peut être négatif en carbone. L’équipe de recherche a découvert que cette forme de conversion des terres augmente la quantité de carbone stockée dans l’écosystème d’une moyenne de 40 tonnes par hectare sur un cycle de culture complet d’environ 30 ans.
Accroître le potentiel de stockage du carbone dans le sol
L’équipe de recherche a également mesuré comment les méthodes utilisées pour cultiver les palmiers à huile affectent les niveaux de carbone du sol. Le sol joue un rôle essentiel dans le cycle mondial du carbone puisqu’il s’agit de la plus grande réserve de carbone. En plus de lutter contre le réchauffement climatique en stockant du carbone, l’absorption de CO₂ de l’air et la translocation vers le sol rend sa fertilité plus durable
Les scientifiques ont découvert que l’utilisation des bonnes méthodes de culture peut améliorer la capacité du sol à stocker le carbone. Les plantations de palmiers à huile sont généralement divisées en quatre zones ; deux d’entre eux, les cercles de mauvaises herbes, qui sont des surfaces nues autour des troncs de palmiers à huile où la plupart des engrais sont appliqués au début de la plantation, et les tas de frondes, qui sont des piles de déchets organiques, ont des stocks de carbone du sol particulièrement élevés. Une gestion plus efficace des quatre zones peut accroître la fertilité globale des sols et la biodiversité à long terme.