Un dictionnaire hors norme pour nous faire découvrir le sang
17 décembre 2024L’alcool dans le sang. Le drame du sang contaminé. Le sang royal et la malédiction des familles. L’hymne sanglant. Le sang de la mer. Voici un petit florilège des thèmes évoqués dans les articles qui composent le Dictionnaire du sang du médecin et professeur Jean-François Schved. Bien plus qu’un dictionnaire, cet ouvrage est un véritable objet de curiosité qui nous promène au fil des siècles et des civilisations pour découvrir à quel point le sang est partout autour de nous, depuis toujours.
Le sang est indispensable à la vie. Le sang est complexe dans sa composition. « Il comporte des cellules et du plasma, solution aqueuse ionique, qui contient des glucides, des lipides et surtout une centaine de protéines, chacune ayant une fonction spécifique. » C’est d’ailleurs pour cela que le sang artificiel est un rêve qui paraît si peu accessible. Dans son Dictionnaire du sang, l’auteur nous raconte, au travers d’articles épars, l’histoire des avancées scientifiques autour du sang. En effet, « le sang se conserve mal, mais laisse longtemps sa trace. Il nous raconte l’histoire des hommes ». C’est donc au travers de l’histoire des hommes que nous découvrons l’histoire du sang. Au fil du temps, les chercheurs, médecins, biologistes, ont été amenés à faire des expériences qui ont fait avancer la recherche.
Jean-François Schved nous raconte certaines de ces histoires de chercheurs, comme c’est le cas pour la notion de « circulation sanguine » qui est apparue au XVIe siècle. L’histoire retient pourtant William Harvey (1578-1657) comme son découvreur, même si ses découvertes n’ont pas suscité un enthousiasme unanime dans le monde scientifique. Cette histoire, qui tient sur trois pages, est fascinante. On suit les premières recherches qui ont valu à l’un de ses prédécesseurs d’être brûlé vif car ses travaux avaient été jugés hérétiques, contraires à ceux de la religion. Il y a beaucoup d’autres petites histoires comme celle-ci qui captivent le lecteur tout au long de cet ouvrage.
Il y a aussi, par exemple, l’article sur l’histoire du sang basque. Les Basques constituent une ethnie particulière. « La singularité basque ne réside pas seulement dans la langue. La culture a ses particularités, avec sa gastronomie, son architecture, ses danses et ses activités physiques qui ne s’arrêtent pas aux différentes formes du sport national qu’est la pelote. » Pour découvrir leur histoire, plusieurs sortes d’analyses et d’études ont été effectuées. Des données génétiques et culturelles ont été comparées pour découvrir leur origine. L’une de ces analyses a trouvé un lien entre des groupes de gènes et la zone géographique de diffusion de l’agriculture au néolithique !
Plein de petites histoires forment la grande histoire. C’est ainsi que l’on ressent la lecture de ce Dictionnaire du sang. Des histoires courtes toutes en rapport avec le sang forment cet ouvrage qui parle du sang sous ses formes diverses et variées.
Mais le sang, ce n’est pas que des données ou de l’histoire. C’est tout ce qu’il représente. Et pour ça, le sang nourrit beaucoup l’imaginaire. Il est partout. Jean-François Schved n’oublie pas de nous parler de ses différentes représentations : dans le cinéma, la littérature, les chansons, les poèmes, les peintures.
Il est intéressant de voir comment l’auteur peut passer d’un article qui se veut plutôt scientifique comme celui sur le drame du sang contaminé, à un autre où il est question des histoires sanglantes dans les contes pour enfants, et tout ça, sans nous perturber.Dictionnaire de sang s’adresse à tout le monde. Il est inutile d’être un connaisseur en médecine ou en biologie pour pouvoir l’apprécier. Les curieux seront ravis. C’est un ouvrage hors-norme. On ne peut pas savoir à quoi s’attendre avant de l’avoir lu. Ce Dictionnaire n’en est pas vraiment un.