Réinventer les communications : La téléphonie mobile en pleine mutation en Afrique
18 août 2023La téléphonie mobile est devenue un phénomène incontournable en Afrique. Elle a permis à des millions de personnes d’accéder à la communication, à l’information, aux services financiers, à l’éducation et à l’entrepreneuriat. Elle a aussi transformé les modes de vie, les cultures et les sociétés africaines.
Un rattrapage fulgurant
L’Afrique a connu une croissance spectaculaire de la téléphonie mobile au cours des dernières décennies. Selon la GSM Association, l’Afrique subsaharienne comptait 420 millions d’abonnés uniques en 2016, soit un taux de pénétration de 43%. Ce taux devrait atteindre 50% en 2020, avec 535 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne et 725 millions pour tout le continent. L’Afrique deviendra alors le deuxième marché mondial en nombre d’usagers.
Voici une vidéo relatant ces faits :
La téléphonie mobile a permis de pallier le déficit d’infrastructures de télécommunication fixes, qui ont été négligées ou sabotées par les conflits et la corruption. Elle a aussi profité de la libéralisation du secteur et de la concurrence entre les opérateurs, qui ont fait baisser les coûts et stimulé l’innovation.
La téléphonie mobile a également favorisé l’adoption des smartphones, qui offrent un accès à Internet et à une multitude d’applications. Selon les estimations de GSMA, le nombre de smartphones en Afrique devrait passer de 200 millions en 2016 à 500 millions en 2020. Ces appareils permettent aux utilisateurs de se connecter au monde, de s’informer, de se divertir, de se former et de travailler.
Une nouvelle économie numérique
La téléphonie mobile a donné naissance à une nouvelle économie numérique en Afrique, qui repose sur la création et la diffusion de contenus, de services et de solutions adaptés aux besoins locaux. Cette économie numérique englobe des domaines variés, tels que le commerce électronique, les services financiers, l’éducation, la santé, l’agriculture, le transport ou l’énergie.
Un exemple emblématique de cette économie numérique est le succès du mobile banking, qui permet aux utilisateurs d’effectuer des transactions financières via leur téléphone portable. Le service le plus connu est M-Pesa, lancé au Kenya en 2007 par l’opérateur Safaricom. Il compte aujourd’hui plus de 30 millions d’utilisateurs dans 10 pays africains. Il permet aux personnes non bancarisées d’avoir accès à des services financiers tels que le transfert d’argent, le paiement de factures, l’épargne ou le crédit.
Un autre exemple est celui des plateformes qui proposent des appels internationaux vers l’Afrique à des tarifs avantageux. C’est le cas d’africallshop.com, qui dispose d’applications mobiles pour Android et iOS. Cette plateforme permet aux utilisateurs de communiquer avec leurs proches en Afrique sans avoir besoin d’une connexion Internet ou d’un abonnement téléphonique. Elle offre également des services complémentaires comme la recharge de crédit ou l’envoi de SMS.
Des impacts socio-culturels
La téléphonie mobile a également des impacts socio-culturels importants en Afrique. Elle modifie les modes de communication, d’expression, d’identité et d’appartenance des Africains. Elle crée de nouvelles formes de sociabilité, de solidarité et de mobilisation.
La téléphonie mobile permet aux Africains de rester en contact avec leurs familles, leurs amis, leurs communautés d’origine ou d’appartenance, qu’ils soient sur le continent ou dans la diaspora. Elle facilite les échanges d’informations, de conseils, de soutien ou de remittances. Elle renforce les liens sociaux et les réseaux de confiance.
La téléphonie mobile permet aussi aux Africains de s’exprimer, de se faire entendre, de participer au débat public et de revendiquer leurs droits. Elle offre des espaces de création, de diffusion et de consommation de contenus culturels, artistiques, religieux ou politiques. Elle favorise l’émergence de nouvelles formes d’expression, comme le slam, le rap, le blogging ou le podcasting.
La téléphonie mobile permet enfin aux Africains de se mobiliser, de s’organiser, de résister et de transformer leur environnement. Elle joue un rôle clé dans les mouvements sociaux, comme les révolutions arabes, le mouvement Y’en a marre au Sénégal ou le mouvement Balai citoyen au Burkina Faso. Elle contribue à la promotion de la démocratie, de la transparence et de la responsabilité.