L’IA générative : pourquoi l’Europe est-elle à la traîne ?

L’IA générative : pourquoi l’Europe est-elle à la traîne ?

22 mai 2023 0 Par Laura S.

L’intelligence artificielle (IA) est reconnue comme l’une des technologies les plus disruptives actuellement en développement. Malgré l’existence d’une stratégie européenne pour l’IA formulée en 2018, l’actualité récente concernant l’IA en Europe tourne davantage autour de la réglementation que de l’innovation technologique. Dans le même temps, les tendances actuelles de l’IA semblent aggraver le retard numérique de l’Europe, augmentant ainsi la dépendance de l’UE vis-à-vis des grandes entreprises technologiques américaines.

Qu’est-ce que l’IA générative ?

L’IA générative désigne un ensemble de techniques qui permettent de créer du contenu à partir de données, sans intervention humaine. Par exemple, il existe des modèles d’IA capables de générer du texte, des images, de la musique ou des vidéos à partir d’un mot-clé, d’une phrase ou d’un échantillon. Ces modèles sont basés sur des réseaux de neurones profonds qui apprennent à imiter les caractéristiques et les styles des données d’entrée.

Voici une vidéo relatant l’évolution de l’IA générative :

L’un des modèles d’IA générative les plus populaires est ChatGPT, lancé par OpenAI en 2022. Ce modèle peut produire du texte cohérent et pertinent sur n’importe quel sujet, en utilisant un algorithme appelé « transformer ». ChatGPT a été utilisé pour créer des applications variées, allant du journalisme robotique à la mise à jour de son CV.

Les enjeux de l’IA générative

L’IA générative présente à la fois des opportunités et des défis pour la société. D’un côté, elle peut favoriser la créativité, la démocratisation et l’efficacité dans de nombreux domaines. Par exemple, elle peut aider les chercheurs à accéder à des informations pertinentes, les artistes à exprimer leur vision ou les entrepreneurs à lancer de nouveaux services.

D’un autre côté, elle peut aussi poser des risques éthiques, juridiques et sociaux. Par exemple, elle peut être utilisée pour produire des contenus trompeurs, manipulatoires ou nuisibles, tels que des fausses nouvelles, des deepfakes ou des discours haineux. Elle peut également soulever des questions de propriété intellectuelle, de responsabilité ou de transparence.

La position de l’Europe face à l’IA générative

Face à ces enjeux, l’Europe se trouve dans une situation paradoxale. D’une part, l’Union européenne (UE) s’est positionnée comme un acteur responsable et éthique dans le domaine de l’IA. Elle a élaboré un cadre réglementaire visant à garantir la sécurité, la transparence et le respect des droits fondamentaux dans l’utilisation de l’IA. Elle a également mis en place un programme politique appelé « Décennie numérique », qui prévoit d’allouer 127 milliards d’euros sur 490 milliards du Fonds de relance et de résilience post-pandémique pour la transformation numérique, afin d’avoir 75 % des entreprises qui utilisent le cloud computing, l’IA ou le big data d’ici 2030.

D’autre part, l’Europe semble être à la traîne en matière d’innovation et de compétitivité dans le domaine de l’IA générative. Il n’existe pas de leader européen en la matière, et le continent se trouve dans une position défensive, tentant de freiner un monde qui avance à grande vitesse. Le centre névralgique de ce progrès rapide est sans aucun doute les États-Unis, où les grandes entreprises technologiques se disputent la suprématie en matière d’IA. La Chine n’est pas loin derrière avec le bot Ernie de Baidu.

Bien que l’innovation ne soit pas totalement absente en Europe, il faut noter que bon nombre des projets d’IA générative les plus en vue, comme Bard et ChatGPT, sont originaires des États-Unis. Certains modèles, comme LLaMA de Meta, un outil de recherche destiné à démocratiser l’accès au domaine des modèles linguistiques d’IA, sont open source. Ces modèles peuvent être exploités par les start-ups pour lancer leurs propres services d’IA. Cependant, le dynamisme n’est pas encore là.

En 2021, seuls 28 % des grandes entreprises européennes ont employé l’IA, et seulement 8 % de toutes les entreprises l’ont fait. Le paysage réglementaire européen pose également des obstacles supplémentaires au développement de l’IA. L’UE doit trouver un équilibre entre la protection des valeurs européennes et la promotion de l’excellence technologique.